notes a propos
du missel romain
À l’occasion de l’entrée en vigueur de la nouvelle traduction du Missel romain, le Père Philippe de Roten a publié 14 notes dans le Calendrier liturgique de la Suisse romande. Nous vous les proposons ci-desous en intégralité, avec quelques retouches.
1. Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. R/. Amen. [Calendrier Liturgique 2022 (ci-après CL) p. 39]
Dans le Missel Romain français en usage jusqu’à présent, il n’était pas indiqué, comme ça l’était dans le Missel latin, que Amen était la réponse de l’Assemblée au président qui initiait le signe de croix et la parole qui l’accompagnait. On pouvait comprendre que le dialogue entre l’assemblée et le président commençait véritablement avec la salutation liturgique Le Seigneur soit avec vous. Le Missel révisé suit le Missel latin et présente Amen comme la réponse de l’assemblée, et comme l’expression de son adhésion au signe de croix qui rappelle la signation du baptême, et par lequel les fidèles demandent à Dieu de raviver en eux les grâces de leur baptême.
2. Et avec votre esprit. [CL p. 47]
Trois formules sont à choix (sans compter la salutation de l’évêque) pour la salutation liturgique au début de la célébration, auxquelles l’assemblée répond chaque fois : Et avec votre esprit. Pour la première formule, le prêtre dira : La grâce de Jésus, le Christ, notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père… (cf. 2 Co 13,13), tandis que la deuxième formule remplace l’ancienne formule, également inspirée de Ep 1,2 mais plus éloignée du latin, dans les termes suivants : Que la grâce et la paix de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus, le Christ, soient toujours avec vous. Ici, comme aux autres salutations liturgiques, sauf à celle précédant l’Évangile (cf. PGMR 134), la rubrique indique que le prêtre adresse la salutation les mains étendues.
3. …célébrer le mystère de l’Eucharistie… [CL p. 51]
Ce qui se présente comme l’Acte pénitentiel, dans les trois formules proposées, commence par l’invitation du prêtre (indiquée sous un mode plus directif puisque la mention par exemple a disparu) : Frères et sœurs, préparons-nous à célébrer le mystère de l’Eucharistie, en reconnaissant que nous avons péché (le latin a : ut apti simus ad sacra mysteria celebranda). Il est heureux de retrouver ici un mot très riche de la tradition, le mot mystère dont le latin sacramentum (sacrement en français) ne rend pas toute la richesse et qui nous rappelle que le grand mystère de l’amour de Dieu va bien au-delà de ce que les paroles et les gestes de l’eucharistie peuvent nous en révéler…
4. Je confesse à Dieu tout-puissant… devant vous, frères et sœurs… [CL p. 65]
Des changements interviennent dans la formule de confession générale (Confiteor) : On suit de plus près le texte latin du Confiteor en invoquant la bienheureuse Vierge Marie. Deux autres changements tiennent de l’écriture inclusive et mentionnent explicitement les frères et les soeurs : je reconnais devant vous, frères et sœurs, que… et …et vous aussi, frères et sœurs… On observe des changements analogues ailleurs, lors de la Prière sur les offrandes (Priez, frères et sœurs : que mon sacrifice, qui est aussi le vôtre…) ; au mémento des défunts (prières eucharistiques II et III), dans les monitions (frères et sœurs bien-aimés…). Rappelons que l’antique Canon romain mentionnait déjà, dans le mémento des défunts, les serviteurs et les servantes (famulorum famularumque tuarum), désormais également mentionnés dans la nouvelle version du Missel en français.
5. Toi qui enlèves les péchés du monde [CL p. 79]
Pour le Gloire à Dieu, notons un changement qu’on ne remarque qu’à la lecture, la majuscule dans : aux hommes, qu’Il aime, sans doute pour réduire le risque de comprendre qui l’aiment. Un autre changement est plus sensible et plus significatif, qu’on observe aussi dans les paroles de l’Agneau de Dieu et dans les paroles du prêtre qui précèdent immédiatement la communion : on était habitué au singulier qui enlève le péché du monde. Ce singulier pouvait s’appuyer sur les paroles de Jean Baptiste au début de l’vangile de Jean (1,29) : Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde… (grec : amartian). Mais le latin du Missel avait le pluriel peccata mundi que suit maintenant la version révisée du Missel et qui sans doute est plus facile à comprendre.
6. La prière d’ouverture et les autres prières [CL p. 83]
Trois prières, dites oraisons présidentielles (cf. PGMR 30), ponctuent la messe : la Prière d’ouverture (on retrouve entre parenthèses l’ancienne appellation Collecte), la Prière sur les offrandes au début de la liturgie eucharistique, la Prière après la communion. Le président invite l’assemblée à prier avant de conclure avec la prière proposée par le Missel, après un temps de silence pour la prière de l’assemblée, temps de silence demandé de façon explicite pour la Collecte et pour la Prière après la communion (dans ce dernier cas : à moins qu’on ait gardé le silence précédemment). La précision manque pour la Prière sur les offrandes, l’assemblée répond sans attendre pour donner son adhésion, au moment où elle va se joindre, par une participation le plus souvent silencieuse, à la Prière eucharistique. Ces prières ne sont pas interchangeables. La première peut être utilisée à la fin de la prière des Laudes, des Vêpres ou de l’office des lectures, celle sur les offrandes est réservée à la célébration de l’eucharistie.
7. La profession de foi [CL p. 91]
Un changement important touche le Symbole de Nicée-Constantinople : on ne dira plus de même nature que le Père mais consubstantiel au Père. Suite à la réticence des théologiens qui reprochaient à la traduction ancienne son manque de précision, on a préféré revenir à une expression plus ”technique”, apparemment moins accessible mais traditionnelle.
On remarquera que la rubrique Tous s’inclinent inscrite dans la partie du Symbole qui évoque l’Incarnation s’élargit en ”Aux mots qui suivent, tous s’inclinent jusqu’à s’est fait homme”, indication qui se retrouve aussi désormais dans le Symbole des Apôtres, avec une précision analogue. On reconnaît ici le souci qui caractérise la Présentation Générale du Missel dans sa 3e édition, celui de donner des indications plus précises sur les gestes et inclinations qui peuvent intervenir au cours de la Messe (cf. PGMR 137).
8. La préparation des dons et la prière sur les offrandes [CL p. 95]
Pour la préparation de l’autel, la rubrique (n° 21 ; cf. PGMR 118 et 142) mentionne également la pale. Ensuite, au moment de présenter le pain, le prêtre prononce des paroles modifiées pour être plus proches du latin : Tu es béni, Seigneur, Dieu de l’univers : nous avons reçu de ta bonté le pain que nous te présentons, fruit de la terre et du travail des hommes ; il deviendra pour nous le pain de la vie. De même pour le vin dans le calice.
Pour l’invitation à la prière sur les offrandes, la formule en usage est maintenue comme deuxième choix par rapport à la formule suivante donnée la première, qui reprend le texte du Missel latin : Priez, frères et sœurs : que mon sacrifice, qui est aussi le vôtre [Ici, une erreur s’est glissée dans le Calendrier Liturgique : au lieu de qui est aussi le vôtre, nous avons écrit : et le vôtre.], soit agréable à Dieu le Père tout-puissant. À quoi le peuple, qui se lève, répond : Que le Seigneur reçoive de vos mains ce sacrifice à la louange et à la gloire de son nom, pour notre bien et celui de toute l’Église.
9. Il dit la bénédiction [CL p. 101]
Signalons un changement plus important qu’il n’y paraît dans les paroles de la consécration rapportées par plusieurs Prières Eucharistiques, que ce soit la première (le Canon romain), la troisième ou la quatrième. Là où le président disait sur le pain : il le bénit, et sur la coupe : il la bénit, il dira désormais : il dit la bénédiction, comme il est dit en Mt 26, 26 et Mc 14, 22 : ayant prononcé la bénédiction selon la traduction liturgique (TOL). Cette traduction rend mieux compte de la prière de bénédiction juive prononcée par le Christ qui tient à la fois de la louange adressée au Père (bénédiction ascendante) et de l’invocation de sa bénédiction sur le pain et la coupe (bénédiction descendante).
10. Les acclamations d’anamnèse [CL p. 105]
Des modifications touchent les trois acclamations d’anamnèse : La première est ainsi formulée : Il est grand, le mystère de la foi, à quoi l’assemblée répond : Nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus, nous proclamons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire.
La deuxième est introduite par : Acclamons le mystère de la foi, à quoi l’assemblée répond : Quand nous mangeons ce Pain et buvons à cette Coupe, nous annonçons ta mort, Seigneur ressuscité, et nous attendons que tu viennes.
Pour la troisième acclamation, on peut garder l’ancienne formule : Proclamons le mystère de la foi et la réponse : Gloire à toi qui étais mort, gloire à toi qui est vivant, notre Sauveur et notre Dieu : Viens, Seigneur Jésus !, ou adopter cette version plus proche du latin : Qu’il soit loué le mystère de la foi, et la réponse : Sauveur du monde, sauve-nous ! Par ta croix et ta résurrection, tu nous as libérés.
11. Quelques précisions sur les gestes [CL p. 109]
Pour les prières, y compris la prière universelle et le Notre Père, les indications sur la position des mains du prêtre ne changent guère. Il commence par joindre les mains pour l’invitation à la prière, puis étend les mains au moment de dire la prière. On notera à propos de la Prière sur les offrandes que le prêtre étend les mains au début de la Prière eucharistique – et les élève au moment de dire Élevons notre cœur - joint les mains et, avec le peuple, conclut la préface en proclamant le Sanctus. Pour la Prière après la communion, le prêtre dit l’oraison les mains jointes, avant de poursuivre, les mains étendues. Quant à la bénédiction finale, il est utile de connaître les orientations données par la Présentation Générale du Missel Romain au n. 167 : Joignant de nouveau les mains et, aussitôt, posant la main gauche sur la poitrine et élevant la main droite, le prêtre ajoute : …Que Dieu tout-puissant vous bénisse… Sans oublier, pour la salutation liturgique qui précède l’Évangile, la précision déjà notée donnée au n. 134 de cette Présentation.
12. L’embolisme du Notre Père [CL p. 113]
Après le changement apporté à la sixième demande du Notre Père qui est entré dans l’usage, le Missel révisé présente une nouvelle formulation de l’embolisme (les paroles dites par le prêtre entre la dernière demande du Notre Père et la doxologie), plus proche du latin : Délivre-nous de tout mal, Seigneur, et donne la paix à notre temps : soutenus par ta miséricorde, nous serons libérés de tout péché, à l’abri de toute épreuve, nous qui attendons que se réalise cette bienheureuse espérance : l’avènement de Jésus Christ, notre Sauveur (cf. Tt 2, 13).
13. Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau [CL p. 117]
Jusqu’à présent, nous disions : Heureux les invités au repas du Seigneur, des paroles qui s’appuyaient sur une expression de s. Paul en 1Co 11, 20 : lorsque vous vous réunissez tous ensemble, ce n’est plus le repas du Seigneur que vous prenez. Désormais, nous disons des paroles plus proches de celles du Missel latin : Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau et qui sont celles de l’ange en Ap 19, 9. Elles sont moins courantes mais plus riches en ce sens qu’elles évoquent la célébration de l’eucharistie dans leur dimension nuptiale !
On remarquera que l’ordre des paroles est inversé et suit désormais celui du Missel latin : Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève les péchés du monde précède Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau !
14. Le rite de conclusion [CL p. 121]
Envoi ou renvoi ? La rubrique (n. 141) parle du renvoi, qui traduit le latin dimissio, mot dont l’étymologie se retrouve dans l’antique Ite Missa est. Dans sa sobriété, le mot renvoi évoque la fin de l’assemblée sans plus. Dans le Missel révisé, le choix élargi des paroles dites, les mains jointes, par le diacre (ou par le président) en fait des paroles d’envoi :
Allez, dans la paix du Christ. (d’après la liturgie de Syrie occidentale)
Allez porter l’Évangile du Seigneur.
Allez en paix, glorifiez le Seigneur par votre vie.
Allez en paix.
Autrement dit, les fidèles sont envoyés porter dans leur vie quotidienne la présence, la bénédiction qu’ils ont reçue et dont ils sont porteurs. Le miracle de l’eucharistie ne se termine pas avec la bénédiction finale, il se poursuit, il trouve son accomplissement en celles et ceux qui rendent grâces dans les paroles et les actes de leur vie quotidienne. Car telle est la vocation des baptisés, comme le rappelle le Catéchisme de l’Église Catholique au n° 1669 : Tout baptisé est appelé à être une « bénédiction » et à bénir.
La Schweizerische Kirchenzeitung a publié – en allemand – un texte de Philippe de Roten présentant de manière générale le Missel romain en sa troisième édition. Le texte peut être consulté ici.
Grâce à l'aimable autorisation des responsables de la Schweizerische Kirchenzeitung, vous pouvez également le télécharger en français.